II/ L'enquète, ses conclusions, ses résultats, ses zones d'ombres :
Contrairement à l'enquête sur l'assassinat de J-F Kennedy, manifestement bâclée, la police
municipale et le FBI paraissent avoir travailler avec efficacité. En quelques semaines, le coupable
présumé est arrêté, sa démarche expliquée, son procès achevé.
Des policiers qui stationnaient aux abords du motel pour prévenir tout risque de manifestation se
précipitèrent vers les chambres au son du coup de feu.Ils découvrent un fusil à lunette
soigneusement emballé dans un journal avec des jumelles, des sous-vêtements, des tickets de
blanchisserie, un exemplaire du quotidien local, des empreintes digitales.Ils aperçoivent en même
temps, un homme blanc qui prend la fuite au volant d'une Ford Mustang blanche. Toutes les
voitures de police reçoivent le signalement du suspect. Sans résultat immédiat.Il s'avère que le fusil
a été acheté à Birmingham par Harvey Lowmeyer. La pension d'où le coup de feu a été tiré avait
un locataire du nom de John Willard. Il avait loué la chambre la veille dans un autre motel sous le
nom d'Eric Galt. Lowmeyer, Willard et Galt ne sont en fait qu'une seule et même personne ;
James Earl Ray, un évadé du pénitencier du Missouri.
Le procès qui suit est amputé du simple fait que James Earl Ray a choisi, le 10 mars 1969, sur les
conseils de son avocat, de plaider coupable. Or la procédure du "plea bargaining" élude toute la
partie contradictoire des procès, on ne recherche ni le mobile, ni les motivations ni les preuves. Ce
système de défense permet à l'inculpé d'obtenir une peine moindre. Ray risquait en effet la peine
de mort par électrocution.Le juge W. Preston Battle le condamne à 99 ans de prison.Mais trois
jours plus tard, James Earl Ray se rétracte et maintiendra ce même discours ; il serait victime
d'une machination. Un certain Raoul l'aurait contraint à acheter le fusil, à louer la Mustang, à
retenir une chambre dans la pension faisant face au motel. C'est Raoul qui aurait tiré.La chambre
des représentants désigne en son sein une commission spéciale présidée par Louis Stokes, élu de
l'Ohio pour faire le point sur les assassinats de Kennedy et King.Ceci en réaction aux doutes
apparus quant aux pratiques du FBI et de la CIA après l'affaire du Watergate.Le rapport est remis
le 29 mars 1979. Il conclut que James Earl Ray est un malfrat de médiocre acabit ayant passé son
temps et sa jeunesse en prison. Il s'est évadé en 1967 du pénitencier du Missouri. Ses deux frères
John et Jerry ne vaudraient pas mieux. Son alibi (Raoul) ne résiste pas au moindre examen
critique. Raciste il aurait entendu parler d'une récompense de plusieurs milliers de dollars qu'un
homme de Saint-Louis aurait promise à qui exécuterait le leader noir.Il n'y aurait pas de complot,
le FBI et les autorités locales auraient agi correctement.Les incertitudes de l'assassinat de Kennedy
et la procédure du "plea bargaining" font que toutes les rumeurs continuent à être alimentées.En
1997 le famille de King prend le parti de James Earl Ray. Martin King se rend à l'hôpital
pénitencier de Nashville où est soigné Ray, atteint d'une cirrhose du foie et promis à une mort
prochaine.Martin pose la question "Avez-vous tué mon père ?", Ray répond "Non, je ne l'ai pas
tué."King ajoutera "Je vous crois et ma famille vous croit. (...) Nous ferons tout ce qui est en
notre pouvoir pour tenter de faire prévaloir la justice." Les deux hommes se serrent la main
devant les photographes et les journalistes.Selon la dernière hypothèse la balle mortelle ne
correspondrait pas à la balle du fusil de Ray. Hypothèse rejetée par les juges. Ray a plaidé
coupable en toute connaissance de cause, il restera en prison.
Mais on peut se demander pourquoi un homme qui a toujours soutenu son innocence a, le jour du
procès, plaidé coupable.
Marie-Claude Descamp (journaliste dans le quotidien Le Monde) écrit d'ailleurs dans un article du
11 avril 1988 :
" [...]après avoir toujours protesté de son innocence plaide coupable pour sauver sa tête. Au cours d'une audience unique, après un compromis passé entre l'accusation et la défense, li est condamné à 99 ans de prison. Pour tout un pays traumatisé, l'affaire est classée, et cela en dépit de nombreuses incohérences.[...]"
James Earl Ray est décédé en prison en avril 1998
Retour à l'oeuvre de Martin.L.K