Martin Luther King

I/ Sa doctrine et ses méthodes :

Sa doctrine, qu'il n'abandonnera jamais malgré une petite évolution à la fin de sa vie, est la non-

violence et le sit-in comme Gandhi avait fait en Inde lors de son combat pour l'indépendance face aux

Britanniques.

Dans aucune des manifestation qu'il a organisées et auxquelles il a participé il n'y eut de violence, il

cherche à convaincre et non à humilier ses adversaires, lutter contre le mal et l'injustice et non contre

les individus, endurer la violence sans riposter en vertu du pouvoir rédempteur d'une souffrance

imméritée.

Le mouvement naissant des droits civiques trouve son porte-parole. Luther King va pouvoir mettre en

pratique sa doctrine de la non-violence qui lui a été enseignée en lisant Gandhi et en rencontrant Nerhu

dans les luttes pour l’amélioration des droits civiques.

 

En effet, en 1959, M.L.King, qui est un lecteur de Thoreau, le grand théoricien américain de la

désobéissance civile et surtout de Gandhi entame un voyage en Inde, près de dix ans après

l’assassinat du père de la nation indienne, autre apôtre de la non-violence et de la résistance passive.

Il dit un jour : "Il arrive un moment où les gens sont fatigués. Nous sommes ici ce soir pour dire à

ceux qui nous ont maltraités si longtemps que nous sommes fatigués - fatigués d'être ségrégués et

humiliés (...) Nous n'avons pas d'autre alternative que la protestation. Pendant tant d'années, nous

avons fait preuve d'une patience infinie. Nous avons quelquefois donné à nos frères blancs

l'impression que nous appréciions la façon dont nous étions traités.

Mais ce soir, nous sommes venus pour échapper à cette patience qui nous ferait accepter autre chose

que la liberté et la justice(...)Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent et priez pour ceux

qui vous persécutent."

 

Autrement dit ses méthodes résultaient de sa doctrine, sit-in, manifestations pacifiques, boycott, et

discours de grande ampleur. Elles ont eu pour résultat d'attirer l'attention des médias nationaux et

surtout internationaux.

II/ Ses principales actions et ce qu'elles ont apporté :

Il y a eu la première action importante, le boycott des bus de Montgomery en 1955 à la suite de

l'arrestation de Rosa Parks puis la campagne de Birmingham, le 28 août 1963, c' est la Marche sur

Washington. Luther King clôt la manifestation en prononçant le plus fameux de ses discours... "I have

a dream...", devant 250 000 personnes réunies au pied du Lincoln Memorial. Retransmis en direct par

trois chaînes nationales, le discours de Luther King apparaît être une apothéose pour la lutte des droits

civiques.

 

En février 1965, il est incarcéré lors de la campagne de Selma et dirige les opérations de sa cellule.

Après de nombreuses marches, dont celle de Selma à Montgomery, de nombreux morts

(notamment à l' occasion des émeutes de Watts, quartier de Los Angeles), le 6 août 1965, le

président Johnson signe en présence de Luther King le "Civil Rights Act et Voting Right Act" (loi

autorisant la déségrégation des lieux publics et protègeant le droit de vote des Noirs ).

Ensuite, la SCLC annonce qu 'elle étend son action aux États du Nord ; il s' agit de passer de la lutte

pour la justice légale à la lutte pour la justice économique. Luther King se rend donc à Chicago,

capitale officieuse de l' Amérique noire.

Mais le mouvement du Dr. King se fait supplanter par le Black Power. Les plus radicaux de ce

mouvement font sensation dans les médias.

Mohammed Ali incarne à merveille toutes les revendications du Black Power : l' affirmation de la

beauté et de la virilité noires et la fierté des origines africaines. " Black is beautiful !" devient le mot

d'ordre.

Ces grandes manifestations ainsi qu'une multitude d'autres moins médiatisées au plan international ont

rythmé le quotidien des américains pendant ces années.

Toutes ces actions ont eu pour conséquence de faire parler de lui et de sa cause dans les médias. Il

aura attiré l'attention de la presse nationale et internationale.

Ce fut l'occasion pour Luther King d'imposer son éloquence et sa culture.

Il devint pour les journalistes, le porte-parole de l'Amérique noire. Ses paroles ont galvanisé les Noirs

et fait changer l'opinion des Blancs modérés.

Son principal mérite est d'avoir fait de la traditionnelle revendication des Noirs pour l'égalité, une idée

ordinaire dans la conscience de l'Américain moyen mais aussi et surtout, au cours de 13 années de

lutte, de 1955 à 1968, il a obtenu tant de choses : la déségrégation dans les Etats du Sud est en cours,

les Noirs peuvent aller voter, se rendre à l'école qu'ils choisissent et fréquenter les églises qu'ils

veulent. Ils peuvent prendre le train ou le bus, boire un café dans n'importe quel bar.

Autant de combats gagnés que des actions violentes auraient peut-être pu obtenir, mais au prix de

milliers de vies humaines. Au prix d'un bain de sang ! Car fidèle à sa doctrine non-violente, il dira :

"La haine ne supprime pas la haine. Seul l'amour y parviendra. Libre d'entraves, la non-violence

brise les réactions en chaïne du mal. En conséquence, je lui resterai fidèle car je crois qu'elle offre

au Noir la seule chance saine et morale d'accéder à la liberté."

Malgré les résultats de ses méthodes et de ses actions pacifiques, en 1967 Martin Luther King analyse

dès lors l'avenir du Mouvement noir plus en terme de rapport de forces qu'en un appel à la bonne

volonté de ses adversaires du fait de la rivalité entre les différents mouvements défendant la cause

des Noirs.

 

III/Comment a-t-il été perçu par la population ? par l'Etat ?

Les journalistes l'ont désigné comme porte-paroles du peuple noir et la communauté internationale l'a

récompensé par un prix Nobel, qu'il hésita d'ailleurs à accepter en raison de l'image que son

acceptation aurait donné au reste de la communauté noire. Il admirait d'ailleurs J-P Sartre qui le

refusa ; peu ému par les titres honorifiques, Luther King accueille toutefois ce prix comme la

reconnaissance du Mouvement des droits civiques par la communauté internationale.

Il accepte le prix Nobel au nom de tous les militants : "J' accepte le Prix Nobel de la Paix au moment

même où 22 millions de Noirs américains sont engagés dans une bataille créatrice pour mettre fin à

la longue nuit de la ségrégation."

Mais déjà depuis 1965 son mouvement est contesté. Certaines manifestations ont dégénéré et

beaucoup de boutiques sont pillées.

Les extrémistes des "Black Muslims" de Malcolm X prônent la prise du pouvoir pas la violence. King

est rendu responsable des heurts qui se produisent. La semaine précédant son assassinat le

4 avril 1968, le pasteur King déclarait "j'entrevois dans l'avenir un ghetto transformé en camp de

concentration. Je ne dis pas qu'on l'ait déjà entrepris mais je dis qu'il y a là une possibilité. Plus il y a

d'émeutes, plus il y aura de répression, et plus nous risquerons de voir la droite prendre les

commandes et peut-être, un jour, instaurer un régime fasciste"

Ils est constamment menacé ainsi que les membres de sa famille. Une démente manque de peu de le

tuer en le poignardant avec un coupe papier !

Déçu, fatigué, trahi, menacé, Martin Luther King a maintenant 38 ans. Il commence à radicaliser ses

positions.

L'Etat lui, reste prudent, mais Kenedy intervient à deux reprises pour aider Martin Luther King à sortir

de prison, et signe des accords avec les principaux acteurs :

 

2 juillet 1964 : Civil Rights Act ( par Johnson)

6 août 1965 : Voting Right Act ( par Johnson)

 

 

En janvier 1964 Martin Luther King avait été désigné "l'homme de l'année" par le magazine Time.

Tous ces honneurs mettent J. Edgar Hoover (le chef du FBI) hors de lui ; "nous devons le marquer

pas à pas (...) comme le Noir le plus dangereux pour l'avenir de ce pays au point de vue du

communisme, des Noirs et de la sécurité nationale".

Il le dénigre faisant bien savoir à ses subordonnés que "King ne vaut rien", que c'est "le menteur le

plus notoire du pays". Il va jusqu'à informer la femme de Martin Luther King des infidélités de son

mari pour le déshonorer et l'acculer au suicide.

Une lettre anonyme est même rédigée à cet effet : "Vous êtes fait. Il n'y a qu'une manière pour vous

de vous en sortir. Il vous reste trente-quatre jours (...) avant que la nation ne découvre votre

personnalité dégoûtante et perserve."

Mais pour de nombreux Blancs modérés, Martin Luther King apparaissait comme un moindre mal,

lorsque l'on considère que les autres interlocuteurs possibles auraient été par exemple Malcom X.

Le Monde, 20 janvier 1986, Manuel Lucbert :

"Si Martin Luther King revenait sur terre il ne manquerait pas d'être surpris du caractère surréaliste

de la situation :

haï de son vivant par nombre de ses compatriotes blancs, regardé parfois avec méfiance par certains de ses frères

noirs plus radicaux, il fait, dix-huit ans après son assassinat à Memphis, l'unanimité et son nom est respecté

comme celui d'un grand Américain. Preuve de cette vénération : pour la première fois cette année, conformément

à une loi votée par le Congrès en 1983, le lundi 20 janvier - le troisième du mois - sera férié en souvenir de

l'ancien dirigeant de la lutte pour les droits civiques. Seuls avant lui George Washington et Christophe Colomb ont

été honoré de la sorte.[...]Cette fête, destinée à sceller la concorde entre les communauté blanche et noire des

Etats-Unis, n'a pas été accéptée sans mal.[...]Le président Reagan s'est résigné à signer un texte législatif auquel il

s'était d'abord opposé. "

De nos jours, en 2005, cela fait trente-sept ans que Martin Luther King est mort, mais ses efforts et

ses apports à la population noire Américaine (et mondiale indirectement) restent immortels, gravés

dans la mémoire collective et inscrits dans les livres d'histoires, sa reconnaissance est toujours

d'actualité, en témoigne ce jour férié...

 

 

 

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